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samedi 11 décembre 2021

Superbe verticale du Château Haut Bailly sur 19 millésimes lors du WE en Bge

Bonjour à tous,

MathieuG voulait depuis longtemps organiser cette verticale d'un château qu'il affectionne beaucoup.

Je poste ici son CR concernant le contexte de la dégustation, et ses notes surpour chaque vin après la mienne.

En décembre 2019, le château Haut-Bailly a rendu hommage à Bob Wilmers, propriétaire décédé en 2017, en recevant plusieurs journalistes pour un dégustation couvrant les millésimes 1998, année d’acquisition du Château par Bob Wilmers, à 2017. Après avoir vu les comptes-rendus de cette dégustation fleurir sur la toile de-ci de-là, je m’inquiétais rapidement auprès de mes amis dégustateurs : comment le château avait-il pu oublier mon nom de la liste des invités ? Moi, l’un des plus fidèles admirateurs (anonymes) du château Haut-Bailly !

Je ne saurais dire si c’est l’élégance intemporelle de l’étiquette de Haut-Bailly, le partage d’un Haut-Bailly 1990 exceptionnel entre amis à Meursault en 2010, le souvenir de mon Père qui aimait bien Haut-Bailly, ou le fait que Nicolas, l’un de nos compères dégustateur(.com) exilé à Colmar,  appréciait également beaucoup ce château, mais le résultat est que je me suis mis à collectionner quelques bouteilles du château sur tout un tas de millésimes. Tant et si bien, que lors de nos dégustations à l’aveugle, mes camarades proposaient généralement « Haut-Bailly » quand je leur faisais goûter un bordeaux de noble origine !

Donc, vexé de ne pas figurer sur la liste des invités, j’annonçais à mes camarades dégustateurs que j’allais organiser une verticale de Haut-Bailly. Non mais !

Périodes de confinement et péripéties sanitaires ont fait que cette verticale n’a pu se dérouler qu’en décembre 2021. Nous étions regroupés en terre Bourguignonne pour cette verticale (nous ne sommes pas sectaires) et surtout cela permettait de partager ce bon moment avec Patrick, le plus grand amateur bourguignon de Bordeaux.

Benoît avait gentiment complété cette verticale avec le millésime 2008, et j’avais mis à profit un bon cadeau que l’on m’avait offert pour acquérir quelques millésimes au prix stratosphérique comme 2010 et 2016.

Quelques jours auparavant, la sempiternelle question de l’aération des vins nous taraude. Comment rendre accessibles les millésimes les plus récents sans toutefois flinguer les plus anciens avec une oxydation trop importante. N’ayant jamais été fan de l’ouverture 24h à l’avance, j’opte pour la prudence.

La nuit portant conseille, je décide d’ouvrir les millésimes les plus récents et d’épauler 2014, 2015, 2016, le matin même.

Le midi nous ouvrons les millésimes jusqu’à 2000, puis carafons certains vins un à deux heures avant la dégustation.

Matthieu (l’autre) et moi tombons rapidement d’accord sur le fait d’organiser la dégustation par séries de vins plutôt que de jouer les montagnes russes en alignant les grands millésimes et les plus faibles. Excellente idée, la dégustation n’en sera que plus intéressante.


Alors le Château Haut Bailly, grand cru de Pessac Léognan dont voici les infos tirés du site et mes commentaires :


Le Château Haut-Bailly est niché au sommet d’une croupe du terroir historique des Graves, sur la rive gauche de la Garonne. Son vignoble de 30 hectares s’étend sur des sols de graves, sable et argile, dont la pente douce assure un excellent drainage. Le sous-sol est constitué de faluns et de sédiments marins. L'acquisition de Haut-Bailly en 1955 par Daniel Sanders, négociant en vins d'origine belge, marque le début d'une nouvelle ère. Daniel Sanders, puis son fils Jean se passionnent pour le vignoble, le remodèlent, construisent de nouveaux chais, privilégient la sélection dans les vignes. Jean Sanders achève de redonner aux vins leur style et leur réputation. Haut-Bailly retrouve son rang de très grand vin (je suis tout a fait d'accord).

Le vignoble est une mosaïque de sols et de sous-sols sur lesquels sont plantés une sélection de cépages historiques : 60% Cabernet Sauvignon, 34% Merlot, 3% Petit Verdot, 3% Cabernet Franc. Cette diversité assure une qualité constante et la réputation de Haut-Bailly. La variété des sols et l’équilibre entre des parcelles plus ou moins élevées – certaines dominent à plus de 20 mètres au-dessus des autres – offre à Haut-Bailly la capacité exceptionnelle de s’adapter et d’exceller dans tous les millésimes (ce que la dégustation va confirmer :-)).

La vinification parcellaire permet une précision optimale dans l'élaboration et l'assemblage du vin, révélant le caractère de chaque micro-parcelle du vignoble. Une trentaine de cuves en béton permet de suivre finement l’évolution de chaque lot lors des fermentations. Une exigence : préserver le fruit et extraire des tanins soyeux grâce à la régulation des températures et des remontages en douceur. L’expression des parcelles et le caractère unique des cépages sont fidèlement préservés et associés à travers l’art de l’assemblage. Les vins de Haut-Bailly subliment toute la sensualité des Graves. L’élevage s’effectue sur 16 à 18 mois, en barriques de chêne français provenant de 6 tonnelleries sélectionnées.


Nous avons donc 19 millésimes que nous avons réparti avec MatG par 4, en les regroupant par type de millésimes. La dégustation n'est pas en aveugle pour pleins de bonnes et surement mauvaises raisons.

De manière générale, Haut Bailly est un Pessac "classique", aux structures charpentées à robuste, selon les millésimes, aux élevages "peu" marqués, que je trouve souvent très cabernet sauvignon avec un côté classe, profond et racé. Il n'est pas pour moi dans la catégorie des vins flatteurs, cherchant le gourmand/sexy. Aromatiquement, on retrouve un profil général sur le cassis, les notes graphites voir encre sur certains millésimes, une pointe fraiche végétale plutôt typé poivron rouge grillé et un fond fumé pouvant évoqué le tabac, voir la boite à cigare. Ce profil est commun a quasiment tous les millésimes, je commenterai donc les différences :-)


C'est parti. Série 1 Millésime frais (ou dit classique ;-) : Dégusté dans l'ordre 2008 - 2004 - 2001 - 1999

2008 : Très avenant au nez, encore un peu marqué de son élevage sur des notes légèrement lactées et plus balsamique que fumé. C'est frais évidemment, droit, et plus corpulent que charpentée, mais les tanins légèrement séchant en finale enrobent la fraicheur joliment, profond sans être austère, assez friand, un joli 2008. ca démarre bien TB-Excellent 91 (16+)

2008 – nez mûr, balsamique, la bouche est assez veloutée, petite note lactée. Un bon vin, digeste, en demi corps, légère sécheresse des tanins. Un 2008 qui s’en sort pas mal, un compagnon de table agréable aujourd’hui (Bien)

2004 : Là les notes poivron rouge, herbacé, végétale marque le millésime. Les tanins sont un peu rêches, astringent, et la finale, qui a du peps, certes, est franchement vive et pas suffisamment enrobé. B-TB 87 (14,5)

2004 – nez plus vert, moins de volume en bouche et des tanins un peu rêches (A Bien)

2001 : Assez discret au nez, il présente une certaine classe avec des notes plus cuir et un fond chocolat. La bouche charpentée, est droite, profonde, les tanins encore un peu agressifs, et la finale un reste un peu mat. C'est TB-Excellent, racé mais pas super festif 91 (16,5)

2001 – le nez présente des petites notes de cuir, le vin est beaucoup plus complet que les précédents, la bouche est précise, tanins assez fins, un bon 2001 (Bien +)

1999 : Bouteille KO, oxydé, bouchonné, la seule ! ce qui n'est pas si mal..

1999 – Bouchonné

Série 2 : Millésime intermédiaire ou qu'on a choisi d'associer :-) 2006 - 1998 - 1996 - 1995

2006 : Le nez est marqué par l'encre, ce qui renforce la profondeur, voir l'austérité. La bouche est un peu plus friande grâce à un acidulé bienvenue. Le tanins et la structure sont quand même strictes avec une empreinte finale saillante. Bon c'est un 2006 classique, stricte et un peu austère. TB 89 (15,5)

2006 – nez pas très précis, le vin est rond assez suave, la finale est plutôt anguleuse (A Bien)

1998 : Un nez très classique, exactement dans le profil général ci-dessus. Les tanins sont fondus, souples, joli structure plutôt corpulente que charpentée. Finale friande acidulée, élégante. Excellent 93 (17)

1998 – le nez est net, profond sur le poivron rouge grillé, fumé, élégant. On commence à prendre du plaisir. Le vin est assez souple, d’une belle fraîcheur, élégant, avec du volume et une belle persistance. Comme beaucoup de 1998, le vin se déguste très bien. Il n’est pas parfait mais on prendra beaucoup de plaisir à le boire (Bien – Très bien)

1996 : Un petit peu plus de complexité et de fraicheur, avec une pointe d'encre/graphite, et un peu d'épice. Plus de fraicheur en bouche aussi, et plus de finesse de tanins, soyeux, pleins. Finale fraiche, profonde, tout en élégance, et un fond fumé, tabac, boite à cigare très classe. C'est difficilement crachable :-) 94 (17,5+)

1996 – nez sur le moka, la fumée, la bouche est puissante avec de la structure, tout en restant aérien, bel équilibre. Finale fraiche et longue (Très-Bien)

1995 : Profil très proche mais plus marqué de l'encre, donc un poil plus austère. La bouche est robuste, plus massive, et grosse densité de tanins encore à polir. Mais la jolie fraicheur, équilibre tout cela dans une très belle persistance, droite, puissante et longue. Excellent 94 (17,5) moins prêt à boire que 96 à cause de ses tanins mais peut-être, il ira beaucoup plus loin... enfin peut-être :-) Moi préférence à 96, la table est partagée moitié-moitié.

1995 – nez plus sur des notes basalmiques, le vin est large, très dense, concentré, en boule, la finale est un peu acide, les tanins sont un peu collants. Il a encore de longues années devant lui. Un beau 1995. Millésime qui ne m’apporte pas beaucoup de plaisir d’habitude. Ce vin-là détonne (Bien – Très Bien)

Série 3 : Intermède millésime récent : 2014 - 2012

2014 : A nouveau notes légèrement lactées et plus fruit rouge. C'est équilibré, rien ne dépasse, tanons soyeux, joli fraicheur, belle persistance, avec l'élégance classique du cru. Excellent 92 (17)

2014 – nez sur les petits fruits rouges alors que jusqu’à présent les vins présentaient plutôt des notes de fruits noirs. La bouche présente beaucoup de volume avec de la structure, effet d’une boule serrée, avec de la persistance (Bien- Très bien)

2012 : A nouveau classique mais avec de jolies notes épicées, et un find tabac, fumé, classe. La bouche est très élégante, beaucoup de délicatesse cette fois, le plus délicat, avec une grosse concentration de ses tanins soyeux. Finale longue, avec cette pointe friande épicée, grande classe. Excellent 94-95 (17,5-18). Et si 2012, est un grand millésime en RD, il semble que ce soit aussi le cas sur Pessac, en tout cas sur Haut Bailly.

2012 – nez fumé, le vin est élégant, délicat, racé, les tanins sont soyeux. Il se laisse bien approcher (Très bien)

Série 5 : Millésime Chaud : 2015 - 2009 - 2003 - 2000

2015 : Explosion de fruit cette fois, avec en plus du cassis habituel, des fruits rouges, et pas de note d'encre. L'élevage est là, bien intégré mais du coup, encore marqué. Bouche droite, racée, un côté plus naturel malgré un élevage encore présent. Tanins superbes, soyeux, concentrés, fins. Finale gourmande mais élégante, et jolie persistance. C'est beau et prometteur avec cette fois un côté plus flatteur. Excellent 94-95+ (17,5-18+)

2015 – nous repassons sur les fruits rouges, moins cassis, frais. Le vin est surprenant d’accessibilité, frais, très soyeux, plein, long et large tout en restant très élégant. Hyper séducteur (Très Bien - Excellent)

2009 : Cette fois, c'est le côté fumé, tabac, boite à cigare qui marque le nez. Bouche au gros volume, tanins encore à polir mais qui tourne velours en finale avec de la mâche. Finale puissante, droite. Grosse quille en devenir Excellent+ 94-95+ (18+)

2009 – des notes plus sombres, plus chocolatées, beaucoup de volume et de puissance. Le vin est racé, profond, les tanins sont plus présents que sur le 2015 pourtant plus jeune. Grosse quille en devenir (Excellent)

2003 : Cette bouteille se présente dans le lot des jolis 2003 (les miennes sont moins intéressantes). Assez marqué de l'encre et du graphite mais pas écrasé. A nouveau grosse densité et volume pointe de fraicheur qui malheureusement s'affaisse en finale, la rendant un peu molle, souple, tendre et aux notes d'élevage boisé moins distingué qu'habituellement. TB-Excellent 91 (16,5)

2003 – encore plus fruit noir, graphite, tanins encore présents, sensation plus boisée en finale, moins de longueur, plus de fluidité, plus sec (Bien-Très bien)  

2000 : Des notes épicées plus réglisse, c'est très friand, élégant. Bouche fondue, soyeuse, c'est acidulée, très friand, bien enrobée, délicat, avec une fraicheur étonnante, dynamisant la finale, tout en friandise et élégance. Moi j'aime beaucoup. Pas le millésime avec le plus de fond, certes, mais prêt à boire, gourmand et classe. Excellent 94 (17,5)

2000 – beau nez racé, presque friand, le vin est expressif, avec du relief, sanguin, matière fine avec une sensation acide assez prononcée (Très Bien)


Série 6 : Millésime mûr d'équilibre (grand sur le papier) : 2016 - 2010 - 2005 - 1990

2016 : A nouveau, très marqué du fruit, noir et rouge et un élevage plus moka, très classe. Des tanins superbes, denses, veloutés, fins. Jolie fraicheur tonique qui équilibre l'ensemble, c'est plein, tout en race et élégance. Finale superbement enrobée et magnifique persistance ou s'équilibre parfaitement la puissance, la friandise et l'élégance. Formellement, sans doute le plus beau. Excellent-Exceptionnel 95-97 (18-19) mais il est urgent d'attendre car en phase de fermeture.

2016 – le blockbuster – nez profond, beaucoup d’énergie, de densité, on sent un élevage plus prononcé, les tanins sont présents. Un peu difficile à goûter aujourd’hui certainement grand dans 20 ans (Très bien)

2010 : Un côté plus chocolat au nez avec ce fond plus cacao que fumé. Bouche robuste, un peu brut presque, massif. Finale fraiche et puissante, acidulée et longue persistance. A attendre, et plus massif, moins fin que d'autres millésimes, à date. Excellent 93-95 (17-18)

2010 – nez un peu marqué par l’élevage, puissant, avec une charge tannique dans la lignée de 2009 mais beaucoup plus austère. Pas en place aujourd’hui (Bien – Très bien)

2005 : Cette fois, très belles notes de bois précieux, cèdre, le côté tabac, boite à cigare, c'est terriblement friand et classe. Bouche à l'avenant, droite, friande, soyeuse, puissante sans se départir de son élégance. Longue finale fraiche superbement enrobée... Superbe vin qui commence à s'exprimer. Excellent-Exceptionnel 95-97 (18+)

2005 – le plus beau nez (pour l’instant), racé, très classe. Le vin est gourmand, avec encore des tanins, ample, équilibre parfait, légère trame acide, juste ce qu’il faut. Somptueux (Excellent)

1990 : A nouveau, Mat a choisi dans le bon lot :-). Un nez magique, en pleine maturité. Avec la complexité qu'apporte en plus de son profil classique, les notes de cuirs, ou encore les notes sous-bois, humus, champignons nobles. Bouche à la fois profonde, friande, à la belle densité de tanins quasi veloutés, fins. Grande élégance et tonicité finale, avec ce qu'il faut de friandise. Exceptionnel 96 (18,5)

1990 – petite appréhension, est ce que j’ai choisi la bonne bouteille ? J’avais acheté deux lots de 1990 aux enchères et les vins ne se ressemblent pas. La veille du départ, j’ai un pressentiment et j’intervertis les bouteilles dans la caisse. Sera-t’elle au niveau du vin dégusté en 2010 ? Bonne pioche ! dès le premier nez, on sait que c’est la bonne. Le nez est très expressif, super classe, arômes tertiaires, petits fruits acidulés, très mûr, le vin est hyper gourmand, la bouche est suave, veloutée, et c’est très long (Exceptionnel).

Série 7 : Le tout seul 1978

1978 : Plus confit, kirché au nez avec des notes champignons nobles, humus plus marqué. Bouche fraiche aux tanins taffetas. Finale acidulée, friande mais un peu souple. Excellent 93 (17).

1978 – On redescend légèrement du paradis mais c’est un très beau vin quand même. L’aromatique est très belle, moins de matière, et une belle longueur (Très bien)

Magnifique dégustation de ce cru de très haut niveau. Avec des millésimes, jamais trahis, et dont on sent l'effort pour en tirer le maximum sans dénaturer l'esprit, du millésime et du vin.

Bravo à l'équipe du château qui reste un de mes Pessac préférés.

Mais surtout Merci Mat 1000 fois de nous avoir offert ce superbe moment partagé :-). Et du coup les idées ont fusé pour la prochaine en associant nos caves, tous, on devrait couvrir pas mal de millésimes de Barton , de Poyferre, de Pontet Canet ?

Amicalement, Matthieu


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