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Le vin, ça se partage ! c'est comme le bonheur... Le bonheur simple d'une dégustation de grand vin de Bourgogne ou d'une belle syrah ! Alors n'hésitez pas à consommer ce blog sans modération, contrairement à l'Alcool qui se consomme, majeur et avec modération. La plus part des vins sont dégustés et crachés.... Consulter le aussi en vidéos sur YouTube

dimanche 26 décembre 2021

Vins de Noel : Meursault Genevrières, Saint Emilion Larcis Ducasse, Chablis Montee Tonnerre, Riesling Pfersigberg Ginglinger, Schistes Casot d'en Gora

Bonjour,

Noel en mode restreint, situation sanitaire oblige... Petit comité et repas avec surtout de beaux produits plus que de belle cuisine :-). Accompagné donc :

Meursault, Mikulski Les Genevrières 2011 (vidéo 0:45) : Un nez classe légèrement marqué d'une réduction grillé à l'ouverture, qui s'estompe pour laisser place à un beau fruit blanc, puis assez marqué citron, note chèvrefeuille, tarte citron, une pointe gourmande de beurre, de brioche chaude, fond amande douce et le côte grillé. La bouche est droite à l'attaque, puis la matière s'installe, fine, précise, ciselée, ample mais aérienne, délicate (ce qui marque genévrières pour moi, comme sur Boucheres) mais soutenu par de la tension, de la profondeur, de la puissance presque, sur le fruit blanc, le citron, note beurrée, brioche, pointe chèvrefeuille, tarte citron meringuée, fond amande et léger grillé (beaucoup moins marqué qu'au nez). La finale est fraiche, tonique, avec de la force, mais délicate, belle empreinte qui enrobe tout juste la fraicheur quand même, millésime un peu juste et belle persistance sur l'aromatique du nez. Excellent 93 (17) le millésime limite le vin tout de même, en ce qui me concerne...

Saint-Emilion, Chateau Larcis Ducasse 1990 (vidéo 4:40) : Un nez tout comme j'aime, encore plein de fruit à l'attaque, fruit rouge, framboise, groseille, puis plus cerise légèrement confite/kirchée, légère note de cuir, de viande rôti, puis plus champignon noble, truffe, sous-bois, humus, fond graphite, tabac, boite à cigare, très joli complexité du beau Bordeaux a maturité. La bouche est charpentée, jolie structure, droite, fraiche, assise sur de jolis tanins soyeux, c'est élégant, frais, profond, pas super concentré, certes, sur la groseille, la framboise, note plus tabac, boite à cigare, la pointe de cuir, fond graphite, sous-bois, humus. La finale est fraiche, tonique, manque un peu de friand et d'acidulé pour être top, dans un profil un peu amer, classe, sur le fruit rouge, la groseille, la framboise, note cuir, viande rôti, puis le champignon, truffe, humus, sous-bois, fond tabac blond, boite à cigare. Excellent 93 (17). Alors, certes, pas le meilleur période du chateau, mais les beaux terroirs parlent toujours... Un peu plus de chair (rendement), de friand acidulé (maturité), et mois d'amertume (extraction pour compenser le rendement ?) et le vin aurait pu être grand :-) Mais récupéré pour 32 € à une époque plus raisonnable pour les prix, cela reste un excellent Q/P ;-)

Chablis, Droin Montée de Tonnerre 2011 (vidéo 8:15) : Un nez de fruit blanc, puis citron, note pierre à fusil, puis mousseron, sous-bois, pointe coquille d'huitre, fond presque tourbé. La bouche est droite, tendue, joli matière précise, c'est frais, voir vif, salivant, sur le citron, puis la pomme, note foin, mousseron, humus, pointe huitre, fond craie et un côté tourbé. La finale est fraiche, tendue, puissante sur le citron puis pomme, humus, sous-bois, mousseron, fond léger tourbé et coquille d'huitre. Excellent 93 (17) Vin droit sans concession, de belle intensité. Parfais sur les huitres.

Riesling, Paul Ginglinger Pfersigberg Ortel VV 2012 (vidéo 10:15) : Très beau nez de prune, de quetsche, de mirabelle, note d'agrume, pamplemousse mûr, pomelos, puis de fleur d'oranger, pointe tourbé classe, fond massepain et léger pétrole. La bouche est ample, pleine mais délicate, fraicheur en fond qui tient le vin tout du long, c'est friand, sur la prune, la mirabelle, belles note de pomelos, puis de fleur d'oranger, fond léger pétrole et ce coté tourbé classe. La finale est fraiche, pleine, friande mais sèche, superbe empreinte, ample, suave, délicate, légère, et très belle persistance de prune, d'agrume mûr, de fleur d'oranger, note tourbé et massepain (pain d'épice et amande), fond terpénique léger pétrole. Moi j'adore, le Riesling d'équilibre, fin, dense et aérien, plein et délié, calcaire dans sa structure jusqu'au bout de sa maturité :-).... Excellent+ 95 (18) (pas pour ceux qui préfèrent les Rieslings vifs et tranchants)

Côte Roussillon, Domaine des Schistes Casot d'en Gora 2018 (vidéo 14:00) : Un nez expressif, élégant, de pomme, puis plus pêche de vigne, légère note guimauve, violette puis plus dominante de foin séché, de fougère, sur un fond presque cire d'abeille, résine. La bouche est ample, joli matière ronde, précise, de la structure puis de la fraicheur (léger gaz), c'est plein, droite sur la pomme, granny voir plus citronnée, pointe de pêche et violette, puis les notes foin séché, fougère, fond cire d'abeille. La finale qui garde de la fraicheur et jolie persistance de pomme, citron, note guimauve puis foin séché, fougère fond résine, cire d'abeille. Excellent 92 (17)

Amicalement, Matthieu

dimanche 19 décembre 2021

Petit WE avant les fêtes : Meursault Buisson Charles 2019, Côte Rôtie, Guigal Brune et blonde 2014

 Bonjour à tous,


Après la débauche Bourguignonne, petit WE tranquille avant les fêtes.

Meursault, Buisson Charles 2019 (vidéo 0:20) : Un nez presque opulent, friand, assez pure, ou explose la poire, Willams, mais avec au réchauffement le côté liqueur, alcool, de la poire Williams, puis des notes d'aubépine, de noisette, fond d'amande et pointe sésame grillé. La bouche est pleine, dense, large, belle amplitude de matière ronde, y'a de la chair, puis de la fraicheur, de l'énergie, c'est tendu (y'a du gaz, comme dans dans nbe de blanc que je bois ces dernières années, ça devient la norme ?), sur la poire, toujours ce côté Williams liqueur, note plus citronnée, chèvrefeuilles, pointe beurrée, fond amande et sésame. La finale est puissante fraiche, léger acidulée, friand, et jolie persistance, de poire, d'aubépine, de noisette, fond amande, et sésame. Excellent 90-92 (16,5+) C'est très friand, impressionnant, complet, puissant... Intéressant après celui de JF (en bas de page ici). 2 vins assez proches dans l'esprit et la structure, mais plus franc, pure de fruit poire, coté BC, plus friand aussi, avec plus de matière, d'amplitude, de puissance. Plus posé, droit, nerveux, citronnée chez JF, quelque part plus profond. Et je dirai que celui de François Mikulski (CR ici) est entre les 2, toujours le même esprit, plus expressif de fruit poire et friand que JF, moins ample, impressionnant que BC :-)

Côte Rôtie, Guigal, Brune et Blonde 2014 (vidéo 4:10) : Un nez friand, plutôt classe marqué du moka (moi j'aime bien), sur le cassis, note de poivre, pointe de suie puis plus bacon grillé, fond moka. La bouche est corpulente, tanins soyeux, pas grosse densité, de la fraicheur qui donne une jolie trame droite, sur le cassis, note bacon grillé, de poivre, fond moka. La finale est fraiche, voir vive, tout juste enrobée, et jolie persistance cassis, poivre, bacon, fond moka. TB-Excellent 91 (16,5)

Coteaux du Languedoc, Mas Jullien Lou Rougeos 2015 (vidéo 6:00) : Un nez qui commence à évoluer sur le tertiaire, cerise noire, note florale violette qui sont dominés à l'ouverture par un côté plus animal, cuir, encre, pointe presque pain d'épice, touche de garrigue, fond cacao. La bouche est charpentée, droite, joli structure marquée, tenue pas des tanins soyeux, sur la cerise noire, le cassis, note d'épice, pointe fleurie violette, pivoine, puis le côté animal/cuir mais plus léger qu'au nez, la touche garrigue et le fond cacao, chocolat. La finale est quasi fraiche, sur la structure, empreinte légèrement séchante, et jolie persistance de cerise noire, cassis, pointe violette, pivoine, note épice, garrigue et fond cacao. Excellent 92 (17) Cette cuvée est composée de vieux Carignans comme je l'ai découvert cette année, du coup je l'avais rapporté de la cave car moi j'aime les Carignans sur leur aromatique de jeunesse. De plus, je ne serai pas surpris que sur ce millésime, il y ait pas mal de syrah pour composer l'assemblage. Et là, l'aromatique du Carignan est en passe de basculer dans le tertiaire, par contre la charpente du vin fait très carignan :-)

Muscadet, Domaine de l'Ecu Gneiss 2012 (vidéo 10:50) : Un nez de belle intensité, sur la pomme golden, note champignon, mousseron, pleurote, de sous-bois, herbe séchée, pointe citronnée, fond humus, terre et léger cire d'abeille. La bouche présente un léger gaz, du coup fraiche, tendue, joli matière mûre, avec une léger gras apportant de la rondeur, c'est délicat, presque aérien, sur la pomme, note citronnée, puis champignon, mousseron, sous-bois, humus, fond cire d'abeille plus marqué. La finale est fraiche (gaz), belle empreinte ronde et jolie persistance, pomme, champignon, un côté humus plus tourbé et fond cire d'abeille. Excellent 92 (17)

Amicalement, Matthieu

dimanche 12 décembre 2021

Retour de Bourgogne avec des 2020 énormes et des 2021 surprenant :-) et des diners magiques

Bonjour à tous,



Traditionnel WE bourguignon avec cette année un magnifique cadeau de MathieuG une verticale de Haut Bailly sur 19 millésimes... Voir l'article consacré

Visites de nos domaines classiques avec découverte des millésimes 20 et 21. Bon, 2 millésimes de moyen à faible rendement pour des raisons opposés, la sécheresse qui a séché les baies en 2020 (Chez la plus part), le gel pour 2021 (surtout dans les crus).

2020, un millésime, je dirai assez extrême, en matière, en maturité, en acidité assez paradoxalement de son côté chaud solaire. Mais la dessiccation des baies en Aout a tout concentré... Quelques pluies très légères sur certains villages juste avant vendange ont permis, aux chanceux, de limiter la casse en volume et du coup donner des raisins "parfaits".

Et ça donne quoi comme type de vins, et bien des vins un peu "hors norme". On prend les superbes 2019 et on pousse au max tout. La matière déjà, l'acidité, la puissance, parfois alcoolique, même si je n'ai pas été gêné par cette puissance alcoolique qui n'est pas généralisé, et qui ne m'a pas choqué bien que j'y sois sensible. Alors après, on a gouté les vins en fin d'élevage ou tout juste soutiré et remonté en cuve pour leurs derniers mois avant embouteillage ET par temps froid en cave soit vers 10-12°.

Cela donne des donc des vins colorés, puissants, beaucoup de force, d'énergie, beaucoup de matière, parfois un peu brut, avec des profils très proches, et parfois gommant un peu les terroirs a ce stade, et chez certains. Mais pas de craintes, comme je l'ai déjà constaté avec les 2003 ou les 2009, ou les millésimes frais 2004, 2008... Les grands terroirs domineront le millésime dans 20 ans... Et d'ailleurs, ces 2020 sont vraiment des vins de garde, voir de longue, très longue garde, le temps que la matière se polisse, la puissance s'adoucisse... Encore plus que 19, je pense. Dans l'ordre, de ces 3 derniers millésimes solaires, à mon avis, les 18 seront prêts avant les 19, qui seront prêts avant les 20. C'est bien, c'est l'ordre chronologique :-)

Et 2021... le millésime "maudit", ou de vigneron comme on dit, avec une gelée noire ayant été particulièrement forte en milieu de coteau, donc dans les crus... un été pluvieux, une pression très forte de mildiou, d'oidium... jusqu'au petites pluies aux vendanges. Mais quand même quelques beaux jours en septembre qui ont "sauvé" la récolte (enfin en moyenne 40 à 60% perte).

Nous avons goutté chez nos vignerons amis, et ce sont des orfèvres de la vigne, donc tout ce que je dis, ne les concerne qu'eux :-). Et c'est vrai que j'ai été agréablement surpris des jus gouttés sur fut, malo pas faite, tout juste démarrée ou tout juste finie. DONC première impression a prendre avec BEAUCOUP de recul. Mais, c'est vrai, il y a quand même de la matière et surtout, elle est plutôt mûr, en tout cas, elle n'est pas saillante, rustique... Certes, grosse fraicheur mais on sent que la matière pourra l'enrober suffisamment. Je dirai un peu comme 2017, avec peut être un peu plus de matière, mais aussi plus de fraicheur. On revient sur le pinot frais et friand sans beaucoup de fond je pense, classique comme le dit le marketing (j'adore, car les millésimes dit classiques, sont souvent les millésimes frais, voir pas mûrs... ou comment ne pas effrayer le client, et c'est le cas à Bordeaux et en Bourgogne...). En tout cas, ça permettra d'attendre les 18, les 19 et les 20 :-)

Premier diner sympathique au Soufflot à Meursault. Une cuisine super, mais petite réserve sur le dessert, déséquilibré par trop de gingembre confit (j'adore le gingembre pourtant) de la poire au chocolat :-) Le reste impeccable, et surtout l'entrée saint jacques dans un ruban de radis, top ! Accompagné de :



Meursault, Coche Dury 2016 : Un nez de fruit blanc avec des notes très citronnées puis à l'aération un boisé vanille/caramel peu gracieux. La bouche est tendue, matière ciselée, c'est vif, et tout juste enrobé, mais très dominé par un boisé vanille/caramel qui masque un peu le naturel. Finale fraiche, tendue, dans un style vif (je préfère quand il y a plus de chair, surtout en milieu de bouche) et persistance honnête mais toujours sur ce boisé. Bien fait TB 89 (15,5) mais pas ce que je préfère.
Longtemps que je n'avais bu un vin de Coche et surtout récent. Si j'aime bien le boisé, par exemple chez Thibault (c'est marqué un peu comme sur les vins de Thibault au début des années 2010), sur cette bouteille, je le trouve vraiment trop "sexy"/flatteur, plus élégant chez Thibault. Par contre, effectivement, pas de réduction grillée écrasante que je n'aimais pas du tout dans les Coche des débuts 2000 que j'ai bu.

Les visites :

Quelques notes prises chez les vignerons. A commencer par le Domaine Chicotot à Nuits Saint Georges. Pascale est plutôt en forme, même si elle fait à peine 50%. Nous avons pu avoir une chouette discussion avec Clément, son fils, qui s'occupe des vignes avec une méticulosité qui promet de grands raisins à venir, qu'il pourra vinifier sereinement :-). Cette année, j'ai beaucoup aimé les Allots, la Rue de Chaux, et petite préférence aux Saint-Georges que j'ai trouvé plus "fin", surtout dans le contexte du millésime, que les Vaucrains, plus en puissance.

Chez Pierre, au Domaine Bart, à Marsannay, il va falloir se rationner sévèrement... Les terrains léger, sableux ayant souffert de la sécheresse, tout petit rendement. Montagne comme d'hab, plein, dense, et sur 2020 une puissance finale redoutable. Clos du Roy, a gardé son élégance, sa finesse, malgré le surplus de puissance et matière, superbe. Grande vigne, finit lui un peu souple cette année. Champs Salomon, est carré, puissant, beaucoup d'épaule et de structure, longue garde en perspective. Le Fixin les Hervelets est le plus tendue, avec une fraicheur en bouche surprenante. Bonne Marre, très moka actuellement, puissant, long, séveux. Clos de Beze, très chocolat, avec une bouche un peu plus souple qu'à l'accoutumée, mais y'a du fond. Même si Pierre a souffert avec cette cuvée cette année. Moi, je suis pas inquiet :-), a part en récupérer !

Pour une fois, la descente en cave au Domaine Rossignol Trapet n'est pas la première du WE ! C'est Nicolas qui nous fait la dégustation. La plus part des 20 ont été soutirés et remontés en cuve sauf les GC et 1 ou 2 premiers crus dans mon souvenir. Les vins les plus délicats bus pendant le WE dans le contexte du millésime (avec ceux de Jean François). Le Gevrey VV offre un acidulé friand, une finale serrée à la joli fraicheur dans un profil amer TB (90). Etelois est comme d'hab, superbe, déjà harmonieux, sur la framboise, un fond un peu moka, des tanins denses, fins, c'est plein, large avec une finale fraiche, tonique et longue Excellent (91-93+). Cherbaudes aussi est très beau cette année, son côté flatteur habituel gagne ici en densité, profondeur et une puissante finale bien équilibrée par sa rondeur naturelle Excellent (92-94). Combotte, plus souple, plus solaire TB (90). Très surpris par Corbeau, un cru qui n'est pas dans mes préférés et qui cette année gouttait très bien, sa bouche, un peu brut/sauvage, et sa finale, un poil austère habituellement, offre ici une fraicheur et une élégance que je n'avais jamais rencontré Excellent (92-93). Clos Prieur offre à nouveau une synthèse parfaite entre puissance, finesse, amplitude et friandise avec des notes florales du plus bel effet. Excellent (93-95). Petite Chapelle, est droit tendue, comme d'habitude, dans son profil profond mais ici un peu austère, et la finale est actuellement serrée (juste soutirée ?). Jamais été mon préféré. Excellent (91-93). Enfin le Chapelle Chambertin est pour moi magistral, je l'ai même mieux gouté que le Chambertin. Excellent + (95-97). Le Latricières est plus flatteur, avec des notes florales superbes mais je lui trouve un peu moins de fond, par contre quelle friandise et élégance. Exceptionnel (95). Et donc le Chambertin qui était un peu fermé malgré l'assemblage direct live de Nicolas. mais pas de soucis, il sera immense ;-)

Ce WE fût l'occasion de visiter pour la première fois en ce qui me concerne le Domaine Hubert Lignier à Morey Saint-Denis ou nous sommes chaleureusement reçu par Laurent. Merci @Flo pour l'organisation. Déjà, je suis surpris en débutant la visite à la cuverie car les cuves sont vides ? Tous les 20 sont déjà en bouteille ou les élevages sont longs ? Les élevages sont effectivement longs (ce qui est possible car Laurent a la place de conserver 2 vendanges en cave), plutôt autour des 18-20 mois donc des mises en mai-juin. Celles-ci interviennent après une vinification qui démarre par une macération pré-fermentaire de quelques jours. Ce qui se retrouve dans ces vins très marqué de fruit et d'épice. C'est tout de suite confirmé par le Chambolle qui déborde de fruit et d'épice avec une jolie fraicheur mais aussi la puissance du millésime. Le Gevrey les Sevrées est plus végétal avec une finale gourmande. Du coup je demande la part de vendange entière qui se situe, sur tous les crus autour de 30%. De toute façon, chez tous les vignerons, ces derniers millésimes ont permis de monter les taux de vendange entière... Le Morey Trilogie (issus de 3 terroirs de VV) présente une bouche d'une grande élégance de tanins denses et soyeux avec une finale très énergique. Le Volnay (nouvelle parcelle du domaine) est droit, puissant, marqué de notes fraiches végétales, et offre un profil plutôt typé Cailleret voir Santenots. Le Morey la Riotte offre un nez sérieux que la bouche plutôt typé gourmande et ronde vient bien équilibré. Le Morey les Chaffots est concentré, dense et finit actuellement serré. Avec le Charmes Chambertin, on revient sur un vin plus flatteur, avec de belles notes florales, qui lui confère un côté plus aérien, et une jolie rondeur séduisante bien que sa finale soit encore sérrée. Enfin le Clos de la Roche, au nez un peu moka (prélèvement sur 2 fûts, donc Laurent, comme Nicolas, sont les rois de l'assemblage en Direct Live :-)), une bouche superbe, ample, puis plus droite, profonde, avec ce côté terrien indéniable. Superbe bouteille. Merci à Laurent pour ce super moment en cave, avec des discussions passionnantes.

Je n'ai pas pris beaucoup de note au Domaine Buisson Charles mais cette année, j'ai été très surpris par la gourmandise du Pommard en Chiveau, plus aimable, voir flatteur que d'habitude. Le Volnay Santenots quant à lui conserve sa profondeur, son fond, mais offre une gourmandise finale assez redoutable. Côté Meursault, le VV est dense, avec une finale serrée, acidulée qui envoie. Idem pour le Meursault Vigne 45, avec ses belles notes calcaire au nez, une bouche ciselée, et une puissance décuplée dans une finale presque sucrée (Patrick indique que cette sensation a ce stade est classique). Avec Tesson, on retrouve l'équilibre classique du cru. Les Charmes envoie une bouche large, qui s'impose dans un profil légèrement amer. Les Cras présente aussi une sensation sucrée en finale. Goutte d'Or est riche, plein, avec du fond, longue garde en perspective. Cette année, les caractéristiques du millésime écrasent un peu le Bouchères classique que j'aime tant. Son côté délicat, aérien est un peu masqué actuellement par la puissance, la concentration, mais ces belles notes de poires invitent toujours à la friandise. Et comme je le disais plus haut, pas inquiet, le terroir finira par gagner :-) 

Enfin chez Etienne et Jean Pierre au Domaine Voillot, j'ai commencé par vérifier les couleurs, en sortant de la cuverie. En plein jour, on a bien des pinots, aux robes colorées, certes, mais bien rouges et transparentes ;-). Et oui, à l'instar des autres domaines, on attaque avec le Bourgogne générique probablement le plus concentré que j'ai dégusté au domaine. Mais ce n'était même pas le plus impressionnant..., celui de Laurent Lignier, était encore un cran au-dessus. Paradoxalement, ces vins de fruit qui se boivent jeunes, il faudra sans doute les attendre 3 à 5 ans pour qu'ils s'assagissent mais on aura l'impression de boire des villages :-). Le Volnay est sérieux cette année, avec un nez de framboise, mûre, et moins fruit noir. Très jolis tanins quasi velours, et une bel équilibre associant puissance et friandise. Le Pommard, lui, devra polir ses tanins denses et concentrés dans une garde plus longue que le Volnay. Le Beaune Coucherias a toujours son côté souple, mais cette fois la finale acidulée le rend tonique. Le Fremiet, d'habitude vite aimable demandera aussi du temps, mais superbe tension et profondeur, moins classique du cru, et tanins fins, et denses, ce qui lui confèrent peut-être plus de fond. Le Champans a un nez de myrtille, une bouche ample, presqu'opulente, tanins déjà polis quasiment, très bel équilibre en finale. Très beau Caillerets cette année, que j'ai super goutté par rapport à d'habitude. Sur la cerise, complet, profond, puissant, avec des épaules, plein de bout en bout, un Cailleret quoi :-).  Clos Micaut se goutte aussi très bien, vin plus "léger" habituellement, là il devient délicat, aérien, mais la concentration, le puissance et la fraicheur du millésime ont eu un effet "dopage" naturel :-). Idem pour les Epenots, pas aussi grand fan d'habitude, vin plus discret, là il s'épanouit, sur des notes de groseilles, acidulées, friande avec une finale enlevée, délicate mais bien tonique et pleine. Décidément Etienne, tu nous les booste les vins de Voillot ;-). Bon autant le dire, Pezerolles est magnifique, le mieux goutté cette année, tout y est, les épices, la friandise, et donc cette année, la force, tranquille en plus... Rugiens lui est plus posé, avec de belles notes fraiches végétales, et une puissance de fond superbement maitrisé alors qu'on pouvait s'attendre à un monstre vu le millésime. Bien sûr, il ira Très loin mais avec sagesse.

Pas pris de note au Domaine Henri Germain, mais les rouges de Jean-François sont les vins les plus fins et délicats (avec ceux de RT) que j'ai dégusté. Une plénitude, une évidence, une maitrise, et une finesse... ou l'on a déjà l'impression que le terroir a repris le dessus sur le millésime. Côte Blanc, si le millésime est bien présent, il me semble que les vins n'ont rien perdu de leur finesse, et la puissance acidulée a bien été domestiquée. Cette année j'ai trouvé le Charmes Hors norme, peut-être le plus beau blanc dégusté, mieux que le Perrières en ce qui me concerne. Et tous les vins sont classiques de leur terroir avec peut-être un supplément d'âme cette année. Par exemple, Poruzots, pas mon préféré, a toujours ce côté large flatteur, mais il n'est pas démultiplié, au contraire, la concentration, la puissance lui donne du fond en plus... Seul le Chassagne Morgeot que j'affectionne beaucoup, se goutait un cran en dessous.


Pas de WE en Bge sans nos paulées Montheliesque. Autant j'ai pris des notes le premier soir, autant pas eu le courage après la Verticale d'Haut Bailly

Donc vendredi soir, on attaque avec les blancs :


Vin 1 : Joli nez citronnée sur un fond crayeux, bouche vive mais enrobée d'une matière ronde et concentrée, finale acidulée et intéressante, y'a du fond dans ce vin. TB 90 (16) pour l'Aligoté Buisson Charles 2019

Vin 2 : Un de pomme, avec une pointe miéllée, friande, note épice et florale et fond amande. La bouche est tendre mais avec une belle acidité friande, bien enrobée, finale fraiche et joli persistance. Excellent 92 (17) que ce Vouvray, Taille aux Loups Clos de la Bretonnières 2017

Vin 3 : Un nez grande classe, Chardo de noble origine, profond, sur le fruit blanc, note champignon noble, pointe chèvrefeuille, tarte citron, fond amande et léger grillé. Bouche droite, tendue, belle matière, fine, délicate, bien enrobante avec une touche de gras, finale fraiche, bien enrobée, et longue persistance. On est plutôt à Puligny, premier ou GC. Excellent 94 (17,5) que ce Macon Pierreclos, Guffens Heynen Tri des 25 ans de Chavigne 2005. Top vin !

Vin 4 : Un nez lègèrement mentholé, sur les agrumes, les fruits jaunes. Bouche ample, bien soutenue par la fraicheur, assez riche, mais équilibré. Finale presque typé demi-sec, tonique, acidulée. Excellent 91 (16,5) que ce Pinot Gris, Ginglinger Eichberg 2017.

Vin 5 : Festival d'arome au nez, mais élégant, fruit exotique, floral, fond léger résine. Bouche superlative, dense, concentrée, ample mais fine, presque délicate, fraicheur tranchante qui dynamise, parfaitement, équilibrée jusque dans cette longue finale tout en friandise mais très élégante. Excellent 94 (17,5) que ce Gewurztraminer, Bott Geyl Furstatntum 2005 identifié intégralement par Nico :-)

Vin 6 : Nez de chenin évolué, aux notes fruit confit, épice, pas loin du caramel Mais qui n'a pas passé le Rubicon. En bouche on comprend que c'est voulu, c'est ample, tendue, voir vif, grosse matière ronde, ça envoie, c'est puissant,  avant que la finale se resserre, fraiche, tendue sur ces aromes typé évolué. Pas mon truc, y'en a un peu trop pour moi, ça manque d'élégance, un côté m'AsTuVu mais bien fait. TB-Excellent 91 (16,5) que cet Anjou, Leroy Noel de Montbenault 2007.


On passe au rouge dans notre ordre habituel Bdx-Bge-Rhone

Vin 7 : Un nez évolué, de cassis compoté, belles notes de cuir, de champignon noble, d'humus, pointe moka fond tabac, fumé. Bouche charpentée, fraiche, acidulée, tanins taffetas, plutôt classe, finale fraiche friande cassis compoté, de cuir, fond moka. Excellent 93 (17) que ce Saint-Estephe Montrose 1970. Bravo Nico qui l'a encore identifié...

Vin 8 : Un nez complexe, de groseille aux accents végétal noble, aux épices typé girofle, fond moka léger cuir. Bouche corpulente, droite, tendue, profonde, délicate, finale puissante, en finesse, fraiche et belle persistance. Excellent 93 (17). Vite 2011 est identifié. Bonne Mares ? Et non, sa petite soeur, Chambolle Musigny Bart les Veroilles 2011.

Vin 9 : Un nez même style mais en plus gourmand, avec de belles notes d'épice plus typé réglisse, et un fond plus cuir que moka. Bouche charpentée soyeuse en attaque, puis de la profondeur, ça s'étire en longueur sans rien perdre de sa friandise. Longue persistance Whaou, Grand Exceptionnel 95 (18) que ce Chapelle Chambertin Rossignol Trapet 2010.

Vin 10 : On poursuit sur les jolis nez à maturité, plus marqué du champignon noble cette fois, cèpe grillé, sous-bois. Bouche charnue soyeuse et fraiche à nouveau, moins de fond, finale fraiche, un côté tendre, Excellent 93 (17) que ce Vosne Romanée Lescure les Suchots 2007.

Vin 11 : Un nez plus jeune, éclatant, très expressif de fruit rouge mûr, framboise, groseille, belle notes d'épice typé Girofle, pointe fleurie rose, pivoine, fond d'élevage bien intégré. Bouche charpentée, velouté, ample, superbe tanins, c'est une caresse jusque dans la finale, qui reprend du punch, avec une jolie fraicheur acidulée, et longue persistance délicate, gourmande. Exceptionnel 95 (18) que cet Echezeaux Dujac 2015

Vin 12 : Un nez de cassis, note violette, puis d'épice poivre, pointe bacon grillé, viande roti, fond léger moka et début de cuir. Bouche charpentée, grosse structure, tanins soyeux mais pas encore totalement fondus. Profond, costaud mais élégant, finale fraiche et longue. Excellent 94-96 (17,5-18,5). A attendre que cette Cote Rotie, Rostaing Landonne 2011.

Vin 13 : Un nez de cassis a nouveau, mais cette fois, des notes de suie, puis de cèdre, pointe épice tabac, boite à cigare fond plutôt cuir. Bouche charpentée, voir robuste, ample, tanins soyeux, finale fraiche, gourmande sur le cassis compoté, la boite a cigare, le tabac, fond de cuir. Excellent-Exceptionnel 95 (18) plus gourmand, moins de fond j'ai trouvé que cette Cote Rotie, Gangloff Sereine Noire 2011.

Vin 12 : Mort oxydé que cet Hermitage Delas Les Bessards 2005

Vin 13 : Nez de cassis, note un peu plus marqué encre, puis d'épice poivre, fond cuir, très syrah à nouveau. Bouche robuste, tanins soyeux mais moins fins, sur le cassis, les épices, le cuir. Finale fraiche tonique puissance alcoolique aussi, plus sauvage/brut que les précédents. Excellent 92 (16,5) que ce Coteaux du Languedoc, Montcalmes 2005. J'ai préféré la 2004 bue il y a quelques semaines.

Vin 14 : Un nez de fraise, des notes d'orange sanguine, pointe alcooleuse, kirchée, fond épicé, pas surprenant vu le vigneron. Joli bouche corpulente, tanins soyeux, qui tient sur la puissance alcoolique. finale puissante, kirchée, fruit rouge, épice, orange sanguine TB 90 (16) que ce Cote du Rhone, Domaine des Tours 2016

Vin 15 : Nez très marqué d'encre, de graphite voir animal, un peu trop phénolé, et sur la richesse alcoolique, kirch. Bouche puissante, très gourmande, soyeuse mais l'alcool et le côté encre/animal sont trop marqué. Dommage pour ce Chateauneuf du pape, Beaucastel 1990

Très belle soirée. Le lendemain, ce sera un petit cran en dessous, sauf sur le Riesling Rangen de Schoffit 2017, Excellent 94 (17,5). Un très beau Saint-Emilion, Chateau Valendraud 1999, loin des clichés attendus, pas de boisé excessif et même a date, l'élevage s'est totalement fondu. Certes, gourmand et rond en bouche, mais on y retrouve bien la charpente d'un Saint-Emilion. Excellent 94 (17,5)

Et pour finir ce long CR, les vins dégustés ce WE, des 2019 tout juste rentré en cave :-)

Montlouis, Chidaine Les Choisilles 2019 (vidéo 4:00) : Nez très élégant, intense, de pomme grany, de poire, note tilleul, élégante et fraiche, fond d'amande de craie classe, bouche droite, matière concentrée dense, mais en finesse, au joli toucher, c'est frais, vif mais bien enrobée, puissant, sur la pomme grany, le citron léger confit, note tilleul, fond amande, craie classe pointe tourbé, finale fraiche, droite, puissante et longue persistance. Excellent 93-95 (17-18)

Gevrey Chambertin, Rossignol Trapet Les Etelois 2019 (vidéo 5:30) : Superbe nez élégant et friand de framboise, note épice typé girofle, puis fleurie pivoine, rose, fond noyau et léger caroube/moka, bouche corpulente large, tanins soyeux, quasi taffetas, de la fraicheur superbement enrobée, c'est mûr, friand, tonique, sur la framboise, puis la groseille, note épice girofle pointe fleurie, fond noyau, léger moka, finale fraiche, tonique, voir puissante et jolie persistance. Excellent 91-93

Meursault, Henri Germain 2019 (vidéo 7:15) : Nez droit fin de pomme, puis plus poire, note citronné, chevrefeuille, pointe noisette, fond amande, craie, bouche droite, tendue, grosse fraicheur mais pas vive car bien enrobée d'une matière dense, au joli toucher rond, c'est puissant, sur la pomme, presque grany, note citronnée, chèvrefeuille, pointe léger sésame, sur un fond amande, craie. Finale fraiche, tonique, puissante, et joli persistance un peu plus marqué bois élevage au réchauffement mais super bien intégré. Excellent 90-92 (16,5)

Amicalement, Matthieu

samedi 11 décembre 2021

Superbe verticale du Château Haut Bailly sur 19 millésimes lors du WE en Bge

Bonjour à tous,

MathieuG voulait depuis longtemps organiser cette verticale d'un château qu'il affectionne beaucoup.

Je poste ici son CR concernant le contexte de la dégustation, et ses notes surpour chaque vin après la mienne.

En décembre 2019, le château Haut-Bailly a rendu hommage à Bob Wilmers, propriétaire décédé en 2017, en recevant plusieurs journalistes pour un dégustation couvrant les millésimes 1998, année d’acquisition du Château par Bob Wilmers, à 2017. Après avoir vu les comptes-rendus de cette dégustation fleurir sur la toile de-ci de-là, je m’inquiétais rapidement auprès de mes amis dégustateurs : comment le château avait-il pu oublier mon nom de la liste des invités ? Moi, l’un des plus fidèles admirateurs (anonymes) du château Haut-Bailly !

Je ne saurais dire si c’est l’élégance intemporelle de l’étiquette de Haut-Bailly, le partage d’un Haut-Bailly 1990 exceptionnel entre amis à Meursault en 2010, le souvenir de mon Père qui aimait bien Haut-Bailly, ou le fait que Nicolas, l’un de nos compères dégustateur(.com) exilé à Colmar,  appréciait également beaucoup ce château, mais le résultat est que je me suis mis à collectionner quelques bouteilles du château sur tout un tas de millésimes. Tant et si bien, que lors de nos dégustations à l’aveugle, mes camarades proposaient généralement « Haut-Bailly » quand je leur faisais goûter un bordeaux de noble origine !

Donc, vexé de ne pas figurer sur la liste des invités, j’annonçais à mes camarades dégustateurs que j’allais organiser une verticale de Haut-Bailly. Non mais !

Périodes de confinement et péripéties sanitaires ont fait que cette verticale n’a pu se dérouler qu’en décembre 2021. Nous étions regroupés en terre Bourguignonne pour cette verticale (nous ne sommes pas sectaires) et surtout cela permettait de partager ce bon moment avec Patrick, le plus grand amateur bourguignon de Bordeaux.

Benoît avait gentiment complété cette verticale avec le millésime 2008, et j’avais mis à profit un bon cadeau que l’on m’avait offert pour acquérir quelques millésimes au prix stratosphérique comme 2010 et 2016.

Quelques jours auparavant, la sempiternelle question de l’aération des vins nous taraude. Comment rendre accessibles les millésimes les plus récents sans toutefois flinguer les plus anciens avec une oxydation trop importante. N’ayant jamais été fan de l’ouverture 24h à l’avance, j’opte pour la prudence.

La nuit portant conseille, je décide d’ouvrir les millésimes les plus récents et d’épauler 2014, 2015, 2016, le matin même.

Le midi nous ouvrons les millésimes jusqu’à 2000, puis carafons certains vins un à deux heures avant la dégustation.

Matthieu (l’autre) et moi tombons rapidement d’accord sur le fait d’organiser la dégustation par séries de vins plutôt que de jouer les montagnes russes en alignant les grands millésimes et les plus faibles. Excellente idée, la dégustation n’en sera que plus intéressante.


Alors le Château Haut Bailly, grand cru de Pessac Léognan dont voici les infos tirés du site et mes commentaires :


Le Château Haut-Bailly est niché au sommet d’une croupe du terroir historique des Graves, sur la rive gauche de la Garonne. Son vignoble de 30 hectares s’étend sur des sols de graves, sable et argile, dont la pente douce assure un excellent drainage. Le sous-sol est constitué de faluns et de sédiments marins. L'acquisition de Haut-Bailly en 1955 par Daniel Sanders, négociant en vins d'origine belge, marque le début d'une nouvelle ère. Daniel Sanders, puis son fils Jean se passionnent pour le vignoble, le remodèlent, construisent de nouveaux chais, privilégient la sélection dans les vignes. Jean Sanders achève de redonner aux vins leur style et leur réputation. Haut-Bailly retrouve son rang de très grand vin (je suis tout a fait d'accord).

Le vignoble est une mosaïque de sols et de sous-sols sur lesquels sont plantés une sélection de cépages historiques : 60% Cabernet Sauvignon, 34% Merlot, 3% Petit Verdot, 3% Cabernet Franc. Cette diversité assure une qualité constante et la réputation de Haut-Bailly. La variété des sols et l’équilibre entre des parcelles plus ou moins élevées – certaines dominent à plus de 20 mètres au-dessus des autres – offre à Haut-Bailly la capacité exceptionnelle de s’adapter et d’exceller dans tous les millésimes (ce que la dégustation va confirmer :-)).

La vinification parcellaire permet une précision optimale dans l'élaboration et l'assemblage du vin, révélant le caractère de chaque micro-parcelle du vignoble. Une trentaine de cuves en béton permet de suivre finement l’évolution de chaque lot lors des fermentations. Une exigence : préserver le fruit et extraire des tanins soyeux grâce à la régulation des températures et des remontages en douceur. L’expression des parcelles et le caractère unique des cépages sont fidèlement préservés et associés à travers l’art de l’assemblage. Les vins de Haut-Bailly subliment toute la sensualité des Graves. L’élevage s’effectue sur 16 à 18 mois, en barriques de chêne français provenant de 6 tonnelleries sélectionnées.


Nous avons donc 19 millésimes que nous avons réparti avec MatG par 4, en les regroupant par type de millésimes. La dégustation n'est pas en aveugle pour pleins de bonnes et surement mauvaises raisons.

De manière générale, Haut Bailly est un Pessac "classique", aux structures charpentées à robuste, selon les millésimes, aux élevages "peu" marqués, que je trouve souvent très cabernet sauvignon avec un côté classe, profond et racé. Il n'est pas pour moi dans la catégorie des vins flatteurs, cherchant le gourmand/sexy. Aromatiquement, on retrouve un profil général sur le cassis, les notes graphites voir encre sur certains millésimes, une pointe fraiche végétale plutôt typé poivron rouge grillé et un fond fumé pouvant évoqué le tabac, voir la boite à cigare. Ce profil est commun a quasiment tous les millésimes, je commenterai donc les différences :-)


C'est parti. Série 1 Millésime frais (ou dit classique ;-) : Dégusté dans l'ordre 2008 - 2004 - 2001 - 1999

2008 : Très avenant au nez, encore un peu marqué de son élevage sur des notes légèrement lactées et plus balsamique que fumé. C'est frais évidemment, droit, et plus corpulent que charpentée, mais les tanins légèrement séchant en finale enrobent la fraicheur joliment, profond sans être austère, assez friand, un joli 2008. ca démarre bien TB-Excellent 91 (16+)

2008 – nez mûr, balsamique, la bouche est assez veloutée, petite note lactée. Un bon vin, digeste, en demi corps, légère sécheresse des tanins. Un 2008 qui s’en sort pas mal, un compagnon de table agréable aujourd’hui (Bien)

2004 : Là les notes poivron rouge, herbacé, végétale marque le millésime. Les tanins sont un peu rêches, astringent, et la finale, qui a du peps, certes, est franchement vive et pas suffisamment enrobé. B-TB 87 (14,5)

2004 – nez plus vert, moins de volume en bouche et des tanins un peu rêches (A Bien)

2001 : Assez discret au nez, il présente une certaine classe avec des notes plus cuir et un fond chocolat. La bouche charpentée, est droite, profonde, les tanins encore un peu agressifs, et la finale un reste un peu mat. C'est TB-Excellent, racé mais pas super festif 91 (16,5)

2001 – le nez présente des petites notes de cuir, le vin est beaucoup plus complet que les précédents, la bouche est précise, tanins assez fins, un bon 2001 (Bien +)

1999 : Bouteille KO, oxydé, bouchonné, la seule ! ce qui n'est pas si mal..

1999 – Bouchonné

Série 2 : Millésime intermédiaire ou qu'on a choisi d'associer :-) 2006 - 1998 - 1996 - 1995

2006 : Le nez est marqué par l'encre, ce qui renforce la profondeur, voir l'austérité. La bouche est un peu plus friande grâce à un acidulé bienvenue. Le tanins et la structure sont quand même strictes avec une empreinte finale saillante. Bon c'est un 2006 classique, stricte et un peu austère. TB 89 (15,5)

2006 – nez pas très précis, le vin est rond assez suave, la finale est plutôt anguleuse (A Bien)

1998 : Un nez très classique, exactement dans le profil général ci-dessus. Les tanins sont fondus, souples, joli structure plutôt corpulente que charpentée. Finale friande acidulée, élégante. Excellent 93 (17)

1998 – le nez est net, profond sur le poivron rouge grillé, fumé, élégant. On commence à prendre du plaisir. Le vin est assez souple, d’une belle fraîcheur, élégant, avec du volume et une belle persistance. Comme beaucoup de 1998, le vin se déguste très bien. Il n’est pas parfait mais on prendra beaucoup de plaisir à le boire (Bien – Très bien)

1996 : Un petit peu plus de complexité et de fraicheur, avec une pointe d'encre/graphite, et un peu d'épice. Plus de fraicheur en bouche aussi, et plus de finesse de tanins, soyeux, pleins. Finale fraiche, profonde, tout en élégance, et un fond fumé, tabac, boite à cigare très classe. C'est difficilement crachable :-) 94 (17,5+)

1996 – nez sur le moka, la fumée, la bouche est puissante avec de la structure, tout en restant aérien, bel équilibre. Finale fraiche et longue (Très-Bien)

1995 : Profil très proche mais plus marqué de l'encre, donc un poil plus austère. La bouche est robuste, plus massive, et grosse densité de tanins encore à polir. Mais la jolie fraicheur, équilibre tout cela dans une très belle persistance, droite, puissante et longue. Excellent 94 (17,5) moins prêt à boire que 96 à cause de ses tanins mais peut-être, il ira beaucoup plus loin... enfin peut-être :-) Moi préférence à 96, la table est partagée moitié-moitié.

1995 – nez plus sur des notes basalmiques, le vin est large, très dense, concentré, en boule, la finale est un peu acide, les tanins sont un peu collants. Il a encore de longues années devant lui. Un beau 1995. Millésime qui ne m’apporte pas beaucoup de plaisir d’habitude. Ce vin-là détonne (Bien – Très Bien)

Série 3 : Intermède millésime récent : 2014 - 2012

2014 : A nouveau notes légèrement lactées et plus fruit rouge. C'est équilibré, rien ne dépasse, tanons soyeux, joli fraicheur, belle persistance, avec l'élégance classique du cru. Excellent 92 (17)

2014 – nez sur les petits fruits rouges alors que jusqu’à présent les vins présentaient plutôt des notes de fruits noirs. La bouche présente beaucoup de volume avec de la structure, effet d’une boule serrée, avec de la persistance (Bien- Très bien)

2012 : A nouveau classique mais avec de jolies notes épicées, et un find tabac, fumé, classe. La bouche est très élégante, beaucoup de délicatesse cette fois, le plus délicat, avec une grosse concentration de ses tanins soyeux. Finale longue, avec cette pointe friande épicée, grande classe. Excellent 94-95 (17,5-18). Et si 2012, est un grand millésime en RD, il semble que ce soit aussi le cas sur Pessac, en tout cas sur Haut Bailly.

2012 – nez fumé, le vin est élégant, délicat, racé, les tanins sont soyeux. Il se laisse bien approcher (Très bien)

Série 5 : Millésime Chaud : 2015 - 2009 - 2003 - 2000

2015 : Explosion de fruit cette fois, avec en plus du cassis habituel, des fruits rouges, et pas de note d'encre. L'élevage est là, bien intégré mais du coup, encore marqué. Bouche droite, racée, un côté plus naturel malgré un élevage encore présent. Tanins superbes, soyeux, concentrés, fins. Finale gourmande mais élégante, et jolie persistance. C'est beau et prometteur avec cette fois un côté plus flatteur. Excellent 94-95+ (17,5-18+)

2015 – nous repassons sur les fruits rouges, moins cassis, frais. Le vin est surprenant d’accessibilité, frais, très soyeux, plein, long et large tout en restant très élégant. Hyper séducteur (Très Bien - Excellent)

2009 : Cette fois, c'est le côté fumé, tabac, boite à cigare qui marque le nez. Bouche au gros volume, tanins encore à polir mais qui tourne velours en finale avec de la mâche. Finale puissante, droite. Grosse quille en devenir Excellent+ 94-95+ (18+)

2009 – des notes plus sombres, plus chocolatées, beaucoup de volume et de puissance. Le vin est racé, profond, les tanins sont plus présents que sur le 2015 pourtant plus jeune. Grosse quille en devenir (Excellent)

2003 : Cette bouteille se présente dans le lot des jolis 2003 (les miennes sont moins intéressantes). Assez marqué de l'encre et du graphite mais pas écrasé. A nouveau grosse densité et volume pointe de fraicheur qui malheureusement s'affaisse en finale, la rendant un peu molle, souple, tendre et aux notes d'élevage boisé moins distingué qu'habituellement. TB-Excellent 91 (16,5)

2003 – encore plus fruit noir, graphite, tanins encore présents, sensation plus boisée en finale, moins de longueur, plus de fluidité, plus sec (Bien-Très bien)  

2000 : Des notes épicées plus réglisse, c'est très friand, élégant. Bouche fondue, soyeuse, c'est acidulée, très friand, bien enrobée, délicat, avec une fraicheur étonnante, dynamisant la finale, tout en friandise et élégance. Moi j'aime beaucoup. Pas le millésime avec le plus de fond, certes, mais prêt à boire, gourmand et classe. Excellent 94 (17,5)

2000 – beau nez racé, presque friand, le vin est expressif, avec du relief, sanguin, matière fine avec une sensation acide assez prononcée (Très Bien)


Série 6 : Millésime mûr d'équilibre (grand sur le papier) : 2016 - 2010 - 2005 - 1990

2016 : A nouveau, très marqué du fruit, noir et rouge et un élevage plus moka, très classe. Des tanins superbes, denses, veloutés, fins. Jolie fraicheur tonique qui équilibre l'ensemble, c'est plein, tout en race et élégance. Finale superbement enrobée et magnifique persistance ou s'équilibre parfaitement la puissance, la friandise et l'élégance. Formellement, sans doute le plus beau. Excellent-Exceptionnel 95-97 (18-19) mais il est urgent d'attendre car en phase de fermeture.

2016 – le blockbuster – nez profond, beaucoup d’énergie, de densité, on sent un élevage plus prononcé, les tanins sont présents. Un peu difficile à goûter aujourd’hui certainement grand dans 20 ans (Très bien)

2010 : Un côté plus chocolat au nez avec ce fond plus cacao que fumé. Bouche robuste, un peu brut presque, massif. Finale fraiche et puissante, acidulée et longue persistance. A attendre, et plus massif, moins fin que d'autres millésimes, à date. Excellent 93-95 (17-18)

2010 – nez un peu marqué par l’élevage, puissant, avec une charge tannique dans la lignée de 2009 mais beaucoup plus austère. Pas en place aujourd’hui (Bien – Très bien)

2005 : Cette fois, très belles notes de bois précieux, cèdre, le côté tabac, boite à cigare, c'est terriblement friand et classe. Bouche à l'avenant, droite, friande, soyeuse, puissante sans se départir de son élégance. Longue finale fraiche superbement enrobée... Superbe vin qui commence à s'exprimer. Excellent-Exceptionnel 95-97 (18+)

2005 – le plus beau nez (pour l’instant), racé, très classe. Le vin est gourmand, avec encore des tanins, ample, équilibre parfait, légère trame acide, juste ce qu’il faut. Somptueux (Excellent)

1990 : A nouveau, Mat a choisi dans le bon lot :-). Un nez magique, en pleine maturité. Avec la complexité qu'apporte en plus de son profil classique, les notes de cuirs, ou encore les notes sous-bois, humus, champignons nobles. Bouche à la fois profonde, friande, à la belle densité de tanins quasi veloutés, fins. Grande élégance et tonicité finale, avec ce qu'il faut de friandise. Exceptionnel 96 (18,5)

1990 – petite appréhension, est ce que j’ai choisi la bonne bouteille ? J’avais acheté deux lots de 1990 aux enchères et les vins ne se ressemblent pas. La veille du départ, j’ai un pressentiment et j’intervertis les bouteilles dans la caisse. Sera-t’elle au niveau du vin dégusté en 2010 ? Bonne pioche ! dès le premier nez, on sait que c’est la bonne. Le nez est très expressif, super classe, arômes tertiaires, petits fruits acidulés, très mûr, le vin est hyper gourmand, la bouche est suave, veloutée, et c’est très long (Exceptionnel).

Série 7 : Le tout seul 1978

1978 : Plus confit, kirché au nez avec des notes champignons nobles, humus plus marqué. Bouche fraiche aux tanins taffetas. Finale acidulée, friande mais un peu souple. Excellent 93 (17).

1978 – On redescend légèrement du paradis mais c’est un très beau vin quand même. L’aromatique est très belle, moins de matière, et une belle longueur (Très bien)

Magnifique dégustation de ce cru de très haut niveau. Avec des millésimes, jamais trahis, et dont on sent l'effort pour en tirer le maximum sans dénaturer l'esprit, du millésime et du vin.

Bravo à l'équipe du château qui reste un de mes Pessac préférés.

Mais surtout Merci Mat 1000 fois de nous avoir offert ce superbe moment partagé :-). Et du coup les idées ont fusé pour la prochaine en associant nos caves, tous, on devrait couvrir pas mal de millésimes de Barton , de Poyferre, de Pontet Canet ?

Amicalement, Matthieu