Bonjour à tous,
RDV avait été pris cet été avec nos amis Alsaciens pour finir chaleureusement cette année 2013. Ces quelques jours à Colmar furent une vraie respiration et un véritable dépaysement dans ces décors de fête. Les promenades en ville ou dans les vignes, sous un temps très clément, nous permirent d'éliminer les quelques excès concédés dans ces moments de fêtes (grimper le Sommerberg, ça aère sérieux).
Justement, la soirée du réveillon, organisée de longue date, fût le point d'orgue de cette semaine festive et rafraichissante. Le menu fût assez classique mais avec de magnifiques produits : huitre fines claires N°2 absolument superbes, saumon fumé du meilleur traiteur Colmarien, terrine de foie gras maison réalisée de main de maitre par Marie. Pour le plat, l'échine de porc confite 7H avec ces navets boule d'or et la purée de panais fût une réussite de tendresse et de saveurs associés, tandis que le plateau de fromage de compétition, le fondant au chocolat et la salade de fruit apportèrent la touche de fraicheur parfaite pour bien démarrer 2014.
Evidemment, lorsque vous faites ce genre de diner avec des passionnés de vins et 2 des plus grands vignerons Alsaciens, vous buvez bon, voir très bon et même exceptionnel par instant.
Très peu de bouteilles flinguées et quelques photos manquantes... Pas pris de notes pendant le dîner mais les discussions furent passionnées et passionnantes pour chaque bouteille dégustée car Michel Ginglinger et Jean Boxler sont aussi de véritables pointures et connaissent le vignoble Français remarquablement. Dégustés (et même bue...) à l'aveugle, en grande forme, j'ai identifié nombre de millésimes et quelques appellations. ça devait être la proximité de ces deux pointures Alsaciennes ou l'émulation autour des commentaires... C'est tellement rare que je m'auto congratule pour bien démarrer cette année 2014 !
Les vins les plus notables, et pour démarrer tout de suite très fort, ce superbe
Riesling Ginglinger 1970 (grand millésime Alsacien), assemblage d'Eichberg et Pfersigberg, qui avec son fond pétrolant légèrement, a une classe folle, les agrumes confit en rétro se mariant parfaitement aux épices safran et cette pointe pétrolante (plutôt terpénique, encaustique), superbe vin. Ensuite, même genre, mais un peu plus rond et plus jeune, superbe aromatique, avec une bouche présentant une pointe de gras, mais gardant une fraicheur suffisante, je dis Riesling 2000 pour ce beau vin, que je place plutôt en granite, bien pour le millésime, moins pour le terroir.
Riesling Clos Hauserer 2000 ZH; Excellent. Ensuite le
Bouzeron d'Aubert 2011 nous a balladé du Chablisien à Vouvray, difficilement identifiable mais un joli vin bien fait (pour une fois que je goutte bien ce vin !). Arrive ensuite, un vin superbe d'équilibre, Nicolas met en jeu ses bijoux de famille pour un Sancerre, Jean qui a apporté ce vin, rigole. Moi je ne trouve pas ça variétal du tout pour un sauvignon, mais l'équilibre par contre correspond bien. Très pur et précis, avec une belle maturité soutenue par une fraicheur bien enrobée fait très 2010, on attend la note de buis qui ne vient pas. Mais je n'ai pas non plus le mousseron, ni la coquille d'huitre du Chablis, je sèche. C'est bien un
Sancerre, bravo Nico, et ce
Petit Chemarin de Vincent Pinard 2008, le bien nommé, est un très joli vin ! Le Montlouis Remus plus 2008 de Jacky Blot est nettement moins réussi, un peu lourd et pataud avec des notes boisées marquantes, assez caricatural, je l'ai même identifié. Le Meursault 99, également identifié, a un nez assez classique avec une pointe de réduc à l'ancienne, une bouche bien tendue et bien enrobée et une finale un peu tranchante, bien dense et jolie persistance toasté beurrée avec du fond. Excellent 92 (17) ce
Meursault 99 Tête de Murger Spécial de Patrick Javiliers. On monte encore d'un cran avec le
Chassagne Cailleret 2001 de Ramonet en magnum. Un nez superbe de finesse d'intensité et très harmonieux, une bouche ample à l'attaque, matière suave équilibrée par une fraicheur d'école, une finale tout en équilibre avec une pointe de puissance et une longue persistance très classe. Exceptionnel 96 (18,5). On passe au rouge.
Et ça commence très fort avec la bouteille de Stéphane. Un nez typique de vieux Beaune à maturité avec ce petit fond moka ou sauce Maggi comme dirait Michel. La bouche soyeuse équilibrée par une pointe acidulée, tout en équilibre, finit tonique avec une persistance immense. Je lance Beaune 85, stephane me dit plus vieux, je répond 78 (ce qui ne m'étonne guère après coup ;-) et a nouveau superbe 95 (18) pour ce
Beaune Clos des Mouches Drohin 78. Je sers ensuite
Bon Pasteur 85 qui va tout à fait tenir son rang, pas beaucoup de truffe pour un vieux Pomerol, mais la structure en bouche tient bien, apportant la densité qui tient le velouté du merlot mûr. Une jolie finale bien persistante sur un fond de vieux cuir et de fruit rouge légèrement kirché joue bien la partition. Tout le monde apprécie. Excellent 93 (17). Le vin suivant est bien dans la même lignée, mais bien plus jeune. Un nez encore légèrement boisé avec une pointe de caramel/vanille mais une bouche irréprochable, belle structure tannique plus charpentée, une rondeur de merlot, de la fraicheur et une finale bien équilibrée et longue avec un début d'évolution. Jean et moi partons pour Saint-Emilion (Stéphane aussi je crois) et je pense qu'il s'agit de 2001. Quand je pense que ce vin a failli ne pas avoir l'agrément, pas assez caractéristique !!!! 12 ans après, ce
Saint-Emilion Soutard 2001 pourrait sans doute en montrer à bien d'autres, bravo François (De Ligneris). Ensuite, je sers ma 2 eme bouteille ouverte depuis le matin. Je vois quelques rictus mais de "crispation" maxillaire, il faut dire que cet
Hermitage La Chapelle 95 de Jaboulet, est encore Très jeune. Superbe profondeur, c'est droit et cistercien, le millésime déjà austère, renforçant ce caractère classique des grands Hermitages, mais là l'acidité est encore saillante et la matière ne l'enrobe pas encore suffisamment. Très beau vin pour qui aime ce style, ce qui n'est pas le cas de nos amis Alsaciens. Jean craint de servir son vin suivant, il faut dire, grand écart dégustatoire... Jeune, nez de pinot très mûr, fruit noir, épice, réglisse sur un fond boisé classe. Bouche soyeuse, ample, pleine de gourmandise avec une sucrosité marquée mais gardant un équilibre intéressant avec une belle finale. Je pense à un Pinot nuiton de 2009, très joli vin que ce
Nuits St-Georges Aux Boudots 2009 de Méo Camuzet. Enfin, Nicolas propose un dernier vin, a nouveau ça pinote, mais c'est plus évolué, dans un style sauvage, surtout en bouche ou l'acidité est assez forte mais pas encore bien enrobée par une matière sauvage, c'est puissant, carré avec une finale fraiche, longue, typique selon moi du millésime. Je place ce vin à Gevrey en 2002 ou éventuellement à Morey. Bien pour le millésime, par contre ce
Chambolle Musigny Roumier 2002 ne fait pas très Cambuléen. Petite déception au vue de l'étiquette sur cette bouteille.
On ne pouvait pas finir sans quelques sucres quand même. Jean a apporté une VT 96 (Riesling ou Pinot gris, c'est au moment de minuit, et dans la confusion, je ne me rappelle plus) de très belle qualité, bien équilibrée entre acidité et sucre, a tel point que le profil fait plutôt demi-sec. Mais Nicolas a ouvert une bombe atomique. tout le monde s'incline devant cet équilibre d'école, alliant harmonie, délicatesse, puissance, finesse et immense persistance avec une pointe de gourmandise. Très grand vin que ce
Pinot Gris, Clos Windsbuhl VT 94 de Zind Humbrecht. Exceptionnel 97 (18,5). Quelques bulles ont été ouvertes mais ce n'est pas mon style, aucun souvenir sauf le crément de Michel qui faisait beaucoup plus vin que les Champagnes.
Les vins ont été terminés sur les jours suivants (le lendemain fut difficile car le crachoir était loin de moi...:-) et les meilleurs ont confirmés leur grandeur le lendemain (Clos des Mouches, Chassagne et Pinot VT).
Très belle soirée, finit tardivement comme il se doit et qui a magnifiquement clos cette année 2013 que j'oublierai vite et lancer superbement 2014 !
Amicalement, Matthieu
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