Notre dernière petite réunion de dégustation entre amis m'a confirmé qu'en matière de vins, les certitudes sont à bannir. Y compris sur ces propres gôuts ! A l'instar de mon récent article sur l'évolution positive de mes goûts vis à vis du sauvignon exprimé dans les Sancerres, ce dîner, avec pour thème la Côte Rôtie, a révélé mon changement d'appréciation de la magique Syrah.
Car, il y a encore 2 ou 3 ans, à la classique question :"c'est quoi tes vins préférés", j'aurai répondu : Bourgogne puis Côte Rôtie. Après notre dernière soirée, je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui j'ajouterai Côte Rôtie.
Pourtant, cette soirée fût loin d'être catastrophique avec quelques excellents vins. Mais dans l'ensemble, je n'ai pas été transporté. Surtout c'est l'enchaînement des bouteilles qui me procurait de moins en moins de plaisir. Voir même de la lassitude, ce que je n'ai presque jamais avec les Bourgognes. Et les vins, et bien, l'un des meilleurs de la soirée, ce fût un Bourgogne, pas en rouge mais en blanc :
Chablis, Montee de Tonnerre Droin 2000 : Un nez légèrement réduit puis fruit sec, pomelos , note de foins, d'herbe séchée, mais fleuri aussi sur un fond coquille d'huitre, iodée et pointe de champignon. La bouche est ronde, trame tendue, équilibre d'école, matière bien enrobante mais gracieuse, sur le pomelos, des note fleurie chevrefeuilee, citron, avec une petite pointe boisée un opeu caramel, finale superbe, longue chevrefeuille, fougère, coquille d'huitre, suffisemment caractéristique pour que l'origine du vin soit facilement identifiée. Le millésime par contre fût une surprise tant l'équilibre et la fraicheur nous ont éloigné de 2000. Excellent vin 92 (17)
Série de rouge sur le thème Côte Rotie :
VdP Rhodanien, Syrah Jamet 2010 : Un nez floral très marqué violette, avec un poivre caractéristique et un fond typé cacao. Une bouche friande, expressive avec des tanins ronds sur le cassis, la violette et le poivre. Finale fraiche mais un peu fluide. Joli vin de copain mais pas trop mon style B+ 86 (14,5). J'ai proposé un assemblage Syrah Grenache en Vin de pays du rhone nord.
Côte Rôtie Domaine Duclaux 2003 : Un nez puissant fruit rouge, note d'encre, de graphite, pointe de poivre fond liqueur de fruit assez gourmand. La bouche est robuste, de la matière de la densité sur le fruit mûr, le poivre, la réglisse, de la profondeur avec ces notes d'encre, servis par des tanins puissants encore un peu sauvage. La finale présente une pointe de fraicheur, sur le fruit bien mûr, compoté mais non sucré, avec une belle longeur sur les arômes du nez. un vin séduisant qui va en plus s'améliorer tout au long de la soirée. Excellent 92-94 (16,5-17,5)
Côte Rôtie Domaine Bonnefond 2001 : Un nez élégant, fin, cassis, note vanille un peu lacté, fond floral. la bouche est charnue, un opeu fluide, mais avec de jolis tanins soyeux, l'aromatique est assez discrète et la finale fraiche est plutpot courte. TB 88 (15)
Côte Rôtie Guigal Brune&Blonde 90 : dès le nez que j'adore, j'ai identifié le cru, tant ce subtil assemblage de cassis, poivre, bacon, cuir et fûmé m'est familier. La bouche est corpulente, large, tanin soyeux, amples, et finale fraiche longue sur les arômes du nez. j'ai hésité entre 90 et 91. J'au fini sur 91. Mais là rien à dire, pour moi, beaucoup de plaisir. Excellent 94+ (17,5-18)
Côte Rôtie Cote Rozier Bonnefond 2007 : nez classique cassis, moka, poivre et pointe de violette. Bouche corpulente expressive tanin soyeux, finale ronde bien équilibré et longue. très joli vin Excellent 90-92 (16-17)
Côte Rôtie Domaine Burgaud 2006 : Nez discret fin élégant mais peu de complexité au final cassis, fruit mûr, un peu d'épice. Bouche corpulente ronde ample avec de la délicatesse, la finale est peu souple mais bien dessinée. TB+ 89-91 (15,5-16,5)
Côte Rôtie Saint Cosme 2003 : Nez très surprenant moka et mandarine, bouche florale, orange confite charnue mais souple, finale un peu dissociée fraicheur matière et aromatique. J'aurais placé ce vin en espagne.B 85 (14)
Côte Rôtie Terre Sombre Cuilleron 2005 : vin ouvert depuis 24H00, nez mûr fin précis de cassis, poivre sur fond moka, bouche charpentée tanin soyeux superbe équilibre entre fraicheur et rondeur sur le cassis, le poivre, le moka mais une pointe boisée caramel aussi. Finale fraiche longue sur le nez. Excellent 90-92 (16-17). Certains ne voient que du bois sur cette cuvée, cela arrive avec Cuilleron, moi j'y suis moins sensible.
Voilà, quelques jolis vins, mais clairement, cela fatigue au bout d'un moment. C'est d'autant plus vrai que notre voissin, vigneron de la Napa valey de passage à Paris, à qui nous faisons gouté quelques bouteilles, va nous rappeler combien le pinot c'est magique avec un Clos de la Roche de Lignier Michelot 2008, très beau et tellement plus stimulant, plus digeste, moins fatiguant...
Amicalement, Matthieu
Merci pour le compte-rendu Matthieu.
RépondreSupprimerGlobalement c'est peut être le manque (relatif) de finesse et de complexité qui fait qu'à la longue, on fatigue. Ceci étant, j'ai trouvé que le niveau était très homogène, ce qui est toujours révélateur d'une appellation qualitative. Comme toi, je trouve ces arômes de cuir et de fumée d'une B&B de 20 ans passés envoûtant.
Amitiés
Mathieu